Le Panthéon

Une prise de conscience difficile

Les tribus les plus anciennes ont commencé par rendre hommage à des forces primordiales qui constituèrent ainsi les premiers membres du panthéon de Mystelia. Le développement des tribus en de plus larges peuples et cités vit l’apparition de nouvelles entités qui semblaient plus personnifiées, plus à l’image de leurs adorateurs. Dans le même temps, les forces primordiales  évoluaient également  dans la perception des fidèles au fur et à mesure que le culte qui leur était voué se développait. Tous ces cultes en croissance se heurtèrent au même écueil, la dualité des divinités. Elle a nourri de très nombreux débats philosophiques qui souvent dégénérèrent en affrontements meurtriers. En des temps pas si lointains, les premières guerres de religions ne virent pas s’affronter des cultes rivaux mais déchirèrent les fidèles des mêmes cultes. Au terme de ces débats et affrontements, chaque culte eut la révélation ou la conviction que chaque divinité peut apparaître, selon la sensibilité de celui qui la vénère, comme une force primordiale non personnifiée ou comme un être anthropomorphique. Chaque clergé des entités primordiales abrite ainsi en son sein deux factions qui cohabitent maintenant en une assez bonne harmonie et est dirigé en général par un conclave réunissant les membres éminents de ces deux factions.

Les entités primordiales

Elles correspondent aux principaux éléments et sont les moins alignées des divinités du panthéon car elles peuvent se reconnaître dans toutes les morales de leurs adorateurs. Ainsi, le feu peut être l’élément protecteur qui réchauffe le foyer et éloigne les bêtes sauvages mais aussi l’élément destructeur qui anéantit forêts, vie et cités. Ces entités primordiales sont les seules à être vénérées par des clergés antagonistes qui se vouent aux seuls aspects de la divinité qui lui conviennent.

Flamme

Flamme est généralement considérée comme la plus puissante des entités primordiales tant elle est facile à déchaîner et qu’un mortel ne peut supporter une simple caresse de sa part. C’est la Flamme radieuse qui veille sur le sommeil des peuples, dissipe les ténèbres et permet d’affronter les rigueurs du froid. Elle est associée au soleil qu’aucune autre divinité ne personnifie. Les étoiles du firmament sont autant de manifestations de Flamme mais dans d’autres mondes de sorte que les habitants de Mystelia ne s’en soucient pas. C’est aussi la Flamme destructrice vénérée par ceux qui vivent pour la conquête et la soumission des peuples. Elle est enfin la Flamme purificatrice qui appuie ceux qui veulent purger le monde de la corruption et des tyrans.

Terre

Cette entité est tellement placide qu’on en oublierait qu’elle nourrit et domine donc toute vie. C’est la Terre nourricière qui offre à tous le nécessaire pour la vie, veillant sur les récoltes et offrant le bois des forêts et les minerais indispensables. C’est aussi la Terre linceul à qui on confie les défunts car toute vie vient de la Terre et doit retourner à elle. Le clergé de la Terre voit comme une hérésie l’incinération des corps.

Mer

Seule la mer est vue comme une véritable entité car l’eau des fleuves et des rivières est captive, celles-ci ne sont que les filles de la Grande Eau qui retournent à elle. Elle est vue comme la gardienne des savoirs et des secrets, que ses filles glanent en traversant les terres. Ainsi, nul homme sensé ne tiendra un conseil secret à proximité d’un cours d’eau et moins encore sur un bateau. Son clergé est l’un des plus riches de Mystelia car il est très courtisé par ceux qui veulent apprendre certains secrets et sont prêts à y mettre le prix tout autant que par ceux qui paient pour que leurs secrets ne soient pas divulgués. Ses prêtres ne voyagent guère et restent à l’abri de leurs temples car il y en a qui préfèrent leur arracher les secrets de la Mer par la torture plutôt que par l’argent.

Souffle du Vent

C’est la plus mineure des entités car pour les mortels, elle ne semble pouvoir se mesurer avec les trois autres. Le Souffle du Vent n’a aucun clergé établi car il ne prête aucun pouvoir à ceux qui le prient. Ses fidèles sont principalement des bardes qui le considèrent comme une muse inégalable pour qui sait entendre la véritable voix du vent mais ne savent user de magie divine et aussi ceux qui sont épris par-dessus tout de liberté.

Les divinités du ciel

Les tribus anciennes ont évidemment toujours observé les astres de la voûte céleste et du ciel diurne mais ne leur ont longtemps reconnu aucune nature divine. Ce n’est qu’au fil du temps qu’elles remarquèrent que les astres les plus remarquables du ciel étaient plus que de simples lumières dans la nuit.

Les Vagabondes

On les nomme aussi Les Cinq Sœurs ou Les Déesses de la nuit. Ce sont les cinq satellites qui éclairent le ciel nocturne de Mystelia et autant de déesses indépendantes qui, aux hasards de leur ballet céleste, associent leurs pouvoirs lors de certaines configurations. Elles évoluent sur des orbites différentes qui leur permettent de former à l’occasion des figures particulières dans le ciel. La plus connue est la Conjonction du Diamant qui regroupe les cinq Vagabondes et dont la Dame Voilée occupe le centre. Elle est alors visible de certains lieux de Mystelia et il est dit que si elle est vue par une femme qui porte un enfant, celui-ci connaîtra un destin exceptionnel.

• L’Étincelante : la plus grande et la plus brillante des cinq qui est souvent visible même en plein jour. La majorité de ses fidèles sont des bardes et ceux qui aiment briller sur le devant de la scène. Ses temples sont équipés d’astucieux systèmes de lentilles qui intensifient la lumière de l’Étincelante et la déversent dans la nef.
  
• La Fugitive : au contraire des quatre autres lunes, l’orbite de celle-ci est totalement chaotique, pouvant en quelques instants disparaître derrière un nuage et réapparaître dans une autre portion du ciel ou même repartir en sens inverse dans sa course. Elle rend impossible la prédiction des conjonctions auxquelles elle prend part.
  
• La Dame voilée : la plus petite et sombre, tellement qu’elle est invisible lorsqu’une autre est présente dans le ciel, ce qui est le cas la plupart du temps. Il est dit qu’elle est si peu brillante parce qu’elle alimente de son pouvoir toute la magie profane qui coule dans Mystelia.
  
• L’Annonciatrice : presque aussi grande que l’Étincelante, sa lumière est plus ténue cependant et plus changeante. La face qu’elle montre au monde évolue continuellement, en formes et en couleurs, à l’image d’un ciel de nuages modelé par des vents de tempête. Ce visage changeant de la déesse montre souvent des formes vagues qui inspirent les artistes et les poètes. Mais parfois, elles se font plus nettes, jusqu’à former des runes, et c’est tout un message qui se dévoile au long de la nuit.
  
• La Vigilante : celle qui perçoit tout ce qui se passe dans le monde sous elle, qu’elle traverse le ciel de jour ou de nuit. Mais ce qui disparaît de son regard quand elle passe sous l’horizon s’efface aussi de sa mémoire. Elle voit mais ne retient pas. Elle n’a pas de clergé établi ni de véritables fidèles. C’est plutôt une famille dont un enfant s’est égaré qui va la prier pour qu’elle lui indique où le retrouver. Ou une patrouille qui traque des brigands.
  

Yvelrekameohs

Les plus âgés des habitants de Mystelia ont connu le temps où elle n’avait encore jamais paru dans le ciel. Ce n’était d’abord qu’une nouvelle comète qui déployait sa chevelure dans le ciel mais elle grandissait plus qu’aucune jamais vue de sorte que beaucoup commencèrent à craindre qu’elle ne soit l’annonce d’un cataclysme. Elle passa en masquant de sa chevelure le ciel de Mystelia, poursuivant sa course pour fondre sur l’Étincelante. La nuit suivant celle de leur rencontre, la comète apparut brisée, traînant des lambeaux d’elle-même, s’éloignant pour disparaître dans le ciel. On racontait encore l’histoire de cette rencontre fracassante quand des années plus tard, elle réapparut dans le ciel, se dirigeant à nouveau vers Mystelia. Elle passa au loin cette fois de  l’Étincelante mais alors que sa chevelure emplissait tout le ciel diurne, des traits de feu s’abattirent sur la cité d’Eyllwe et sur le temple dédié à la plus brillante des Vagabondes. On la voit depuis comme un dieu jaloux et frustré d’avoir été rejeté par la déesse et qui repasse tous les 23 ans environ. Chacun de ses passages ne provoque pas de cataclysme, ou alors ses traits de feu ne touchent souvent que des zones désertes, mais on redoute toujours de le voir réapparaître dans le ciel et approcher du monde.

Les divinités sorties du néant

Ce sont les dernières à s’être éveillées ou manifestées alors que les tribus anciennes s’étaient éparpillées et colonisaient le monde sauvage qui les avait vues naître. Ces tribus avaient toujours eu des esprits gardiens qui veillaient sur leur communauté ou des esprits sauvages qu’elles devaient craindre. Il y en a encore partout dans le monde de nos jours. Mais au fur et à mesure que les communautés prenaient de l’importance, ce sont de nouvelles entités plus universelles qui se firent connaître des mortels.

Herther

Le Dieu de la nature est évidemment surtout vénéré par des druides et dans une moindre mesure par des rôdeurs. Beaucoup ne le voient pas comme une déité personnifiée mais plutôt comme un égrégore d’instincts naturels et sauvages poussés à leur paroxysme. Un fidèle sortant d’une prière voire d’une communion avec ce Dieu voit toujours un de ses instincts particulièrement exacerbé.

Ibhalansi

Le dieu de la Justice que beaucoup voient comme un principe cosmique plutôt que comme une réelle divinité. Mais nul en tout cas ne conteste son pouvoir. Il est reconnu que toute assemblée de justice se tient sous son regard et qu’un juge qui prononce un verdict sans la conviction d’avoir respecté la loi est frappé par une punition divine. Ce qui importe aux yeux d’Ibhalansi, c’est le respect strict du texte de la loi et non que la loi soit juste. A ce niveau, c’est la vocation du clergé de faire évoluer les lois les plus injustes (mais sans remettre en cause la position privilégiée des clergés même lorsqu’elle paraît injuste). D’aucuns prétendent qu’un juge incompétent qui applique honnêtement ce qu’il a compris de la loi n’est pas puni par Ibhalansi.

Icyr

Icyr est le premier mortel à avoir, après son trépas, accédé à un statut divin. De son vivant, il a rédigé de nombreux traités relatifs aux énigmes et défini les lois des énigmes élégantes. Après son 60e anniversaire, il entreprit de coucher sur papier toutes les énigmes recensées dans le monde. Au fil des années, des milliers d’aventuriers vinrent le rencontrer à Fenlaiseaux pour lui dire les énigmes qu’ils avaient lues ou entendues durant leurs périples. Cela devenait même une véritable compétition entre certaines compagnies qui rivalisaient pour être celle qui en fournirait le plus, s’assurant ainsi une notoriété même posthume. Lui-même en créait de nouvelles chaque jour qu’il consignait soigneusement. Si son corps déclinait avec le passage des années et des décennies, son esprit lui restait toujours aussi vif, même alors qu’il avait dépassé l’âge, impensable pour un humain, de 133 ans. La mort vint le cueillir lorsqu’une simple servante, lisant la dernière énigme qu’il avait conçue, le complimenta pour cette Ambiguë (comme on appelle les énigmes qui acceptent deux réponses). Mais ce n’est pas… furent ses derniers mots. Cette servante devint par la suite sa première prêtresse à qui il confia la tâche de reprendre sa tâche et de consigner les nouvelles énigmes qui lui parvenait ou que le dieu lui inspirait.

Kuaris

La fortune sourit aux audacieux dit l’adage Mais Kuaris est là pour faire payer la note dit un second adage. Trop de bonne fortune n’est pas naturel et le Dieu de la Chance est là pour rétablir l’équilibre enseigne son clergé car sans cela, les revers de fortune qui attendent les chanceux seraient terribles. C’est ce clergé qui a bâti le plus grand nombre d’édifices : temples, simples chapelles et une multitude d’autels éparpillés où l’on peut déposer des offrandes pour remercier Kuaris lorsqu’on a été favorisé par la chance. Ces offrandes restent là sans surveillance jusqu’au passage des collecteurs car qui oserait voler ce qui a été offert à un tel dieu ?
L’équilibre voulu par Kuaris se traduit par un effet concret dans le jeu. Lors d’une même séance de jeu, si un personnage obtient un 3e résultat de 20 sur le d20 sans qu’aucun 1 ne soit venu réinitialiser la série, le MJ pourra imposer un résultat de 1 à un prochain tirage de d20 de ce personnage (ceci l’emporte sur le trait Chanceux des halfelins).

Qrihra

La déesse des Merveilles s’émerveille véritablement des plus rares et réussies œuvres de la nature. C’est une entité mineure incapable d’embrasser du regard tout Mystelia et qui donc en parcourt toute la surface pour dénicher les plus exquises des merveilles. Lorsque cela arrive, elle reste figée par la beauté du spectacle, ne prêtant même plus attention aux requêtes de ses fidèles. Ses prêtres doivent alors au plus vite trouver ladite merveille et ne sont capables de préparer que des sorts qui peuvent les aider dans cette tâche. Lorsqu’ils découvrent à leur tour la merveille, ils y établissent un nouveau lieu de culte en accord parfait avec l’endroit. Dans de tels lieux, leurs pouvoirs sont véritablement amplifiés (un prêtre de Qrihra dans un tel lieu voit son niveau augmenter temporairement de 1d4 tant qu’il y réside et s’emploie à protéger la merveille). La recherche d’une merveille peut se révéler longue quand les visions que la déesse partage avec ses fidèles sont trop vagues. On se rappelle encore à Jotenmir cet hiver où un torrent de montagne figé par le gel avait formé une si magnifique sculpture de glace que la déesse avait prolongé l’hiver pendant des mois, jusqu’au cœur de l’été, pour la laisser subsister, ce qui menaçait de famine toute la région. Il fallut une intervention de nombreux prêtres de la Flamme Radieuse pour en venir à bout. Certains membres de son clergé ont développé l’architecture merveilleuse et peuvent édifier des temples et palais d’une incroyable splendeur. Il faut cependant être particulièrement riche pour acheter leurs services et assez jeune si on veut voir l’ouvrage terminé de son vivant.

Rhutar

Le Dieu des Inventeurs n’a lui non plus aucun clergé officiel mais beaucoup de fidèles, surtout parmi les gnomes, qui font appel à lui lorsqu’ils buttent sur un problème insoluble. Ce n’est jamais Rhutar lui-même qui inspire le quémandeur, il va plutôt en appeler à la conscience collective de ses fidèles. Quand un artificier gnome s’interrompt longuement dans son travail et semble perdu dans ses pensées, c’est souvent qu’il est inconsciemment accaparé par un problème. C’est le fruit de cette réflexion collective qui sera révélée, sans garantie qu’elle soit effectivement la bonne.

Tisyn

C’est l’un des plus priés et des plus actifs des dieux du panthéon. Il a un clergé établi mais Tisyn ne lui accorde pas plus d’attention qu’à n’importe quelle personne qui le prie. On ne peut réellement parler de fidèles car ceux qui le prient ne le font guère pour lui rendre hommage mais plutôt pour qu’il sublime leur beauté, le réduisant au rôle d’un serviteur divin de luxe qui arrange leur coiffure, leur tenue et leur visage sans le moindre fard. Souvent femme varie, bien fol est qui s’y fie dit un dicton populaire un peu excessif mais qui convient très bien au dieu de la Beauté qui sait rappeler qu’en fait de serviteur, il reste toujours le maître. Les histoires foisonnent sur des personnes dont la réputation a été ruinée après une prière malheureuse à Tisyn, telle cette riche femme qui s’énerva de ne pas éclipser ses rivales lors d’un grand bal et qui, passant devant de grandes glaces, pria Tisyn de magnifier encore sa beauté. Sauf que le dieu jugea que sa tenue ne convenait pas à la salle luxueuse et la fit simplement disparaître avec ses bijoux, laissant l’orgueilleuse en proie au ridicule.

Udoner

La déesse des esprits est l’une des plus soucieuses du bien-être des mortels et surtout de leur tranquillité d’esprit. Si le corps des défunts est confié à la Terre Linceul, Udoner veille elle au repos de leur esprit. Si elle n’a cure des pantins sans âme que la nécromancie anime, les morts-vivants matériels ou éthérés dont l’esprit reste prisonnier de leur corps ou d’un lieu lui font horreur et elle prête ses pouvoirs à ses prêtres qui s’emploient à les éliminer. C’est le clergé le plus actif contre les nécromanciens qui ne doivent s’attendre à aucune clémence ni procès de leur part. Le clergé d’Udoner s’occupe aussi de tous ceux qui sont frappés de démence et dirigent des hospices dans lesquels ils reçoivent asile et soins. Udoner veille aussi sur ceux qui tentent de percer tous les mystères de leur esprit car c’est une voie difficile dans laquelle le risque de perdre la raison est grand. Lorsque qu’un esprit s’égare sur cette voie, Udoner est souvent la lumière qui lui permet de retrouver la bonne voie. On compte ainsi dans son clergé des individus capables d’user de pouvoirs psychiques.

Vimos

Personne n’oserait envisager une bataille sans invoquer les faveurs du Dieu de la Victoire mais elles ont un coût. Il s’incarne souvent sur le champ de bataille pour prendre la tête de l’armée et comme chaque camp fait appel à ses faveurs, on a souvent vu des batailles où deux incarnations de Vimos s’affrontent pour se terminer en véritables boucheries car les stratégies des deux incarnations se neutralisent parfaitement. Ce sont les subordonnés chargés de transmettre ses ordres qui tentent d’apporter une touche personnelle dans l’exécution de la stratégie pour arriver à une victoire moins coûteuse. Il est de coutume désormais que les belligérants s’accordent pour garder le Dieu de la Victoire hors du champ de bataille.

Xenthys

On adresse souvent une petite prière à la Déesse du Repos avant la nuit qui est vue comme une entité mineure. Aucun temple ne lui est dédié, juste de petites chapelles dans lesquelles on ne célèbre jamais d’office. Son clergé est peu nombreux et ses prêtres sont paradoxalement appelés Les Éveillés. Ils peuvent passer des semaines endormis, sans souffrir de la faim ni de la soif car la déesse veille à leurs besoins, guettant à travers leurs songes les créatures intangibles qui tentent de prendre forme à travers les rêves des mortels.